Grandes voies d'automne 17 Octobre 2019
Lieu : Montrebei - Espagne Participants: Didier, Arnaud
Description :
Nous avions prévu de gagner rapidement en voiture et de nuit le campo de Luis au pied des falaises. Mais à Barcelone l’avion a du retard, rent-a-car est allé se coucher et des barrages de pneumatiques en feu embrasent les ronds-points del Prat de Llobrega.Après les condamnations très sévères des indépendantistes, condamnés jusqu’à 13 ans de prison par la justice espanole pour actes de sédition, la Catalunya est en feu.
Les touristes sont choyés, faut pas qu’ils voient ça, mais quand on voyage low cost on reste prisonnier de l’aéroport, condamnés à s’étendre par terre sur les cordes en guise de matelas. Un jour de retard.
En voiture, après LLeria et Balaguer on passe Aguer et on trace à gauche sur une mauvaise piste avant le col d’Ares pour trouver le champ de Luis, cul-de-sac au-dessus du Congost del Riu Noguera Ribagorçana, une gorge frontière naturelle entre Catalunya et Aragon.
Bon bivouac, au pied de la paroi de Catalunya. Le coin peinard . On le connaît. La chouette est tjs là. Le renard aussi. Allez, on grimpe demain…
J1 Colça (?) 220m 6a III P2+.
On veut vite se mettre ds l’ambiance et c’est réussi, je me mets vert à tous les étages. Ce friend mal posé, il va pas tenir, et pis je vais me cramer avant de savoir poser le prochain putain, le prochain c’est où? —Hééé, fais gaffe, gaffe FAIS MONSTRE GAFFE !
—Tais-toi et grimpe …
J2 Desequilibrio hormonaal. 260m 6b+ P2+.
Combat. En 2018 on n’avait pas dépassé R1, ajd on atteint R3. Olé le crux est derrière, maintenant il va falloir engager pour les deux-tiers restants…
Re-but et rappel. Heureusement qu’on a l’avenir devant soi.
J3 Petit dièdre 6a+ II P2 175m.
Alors vite fait en quittant tard le bivouac quand a cessé la pluie et que c’est le moment pour une voie courte et tranquille dans le registre, pour gratter l’eczéma que donne l’envie de grimpe. Quand même, c’est bien mouillé.
J4 Calça (?) 6b II P3 220m.
Pouah, tout le bas est glauque dans la jungle verticale avec des arbustes qui ont poussé pour ruiner ma doudoune et je finis plumé comme un volatile arraché aux clous des ronciers et on aurait pris un sécateur si on avait su pour nettoyer ce dièdre, car on ne nous avait pas dit qu’elle n’est pas visitée souvent, la voie dérobée. Pis le reste n’est pas fameux, du péteux, de l’embrouille sur la ligne bref, une bouse. On l’avait choisie pour la bonne orientation NW à l’abri du vent et c’était pas une sottise vu qu’il pleuvait encore quand on était dans L2.
Après cela on a le temps de dépiquer le bivouac et boire une bière et bloquer le feu et remonter la piste en patinant un peu et rejoindre LLeria dans la vallée, avant que le gros mauvais temps qui gicle sous les roues n’emporte nos envies d’aller plus au nord, voir où c’est sec, où l’on a le plus de chances de grimper au sec et au frais, selon les radars météo mais on se calme, là. On se calme.
J5 Pilastreta dels pardals 6a P2+ 130m
Nous voici revenus de l’autre côté des gorges, paroi d’Aragon. En deux jours les trombes d’eau ont laissé des bénitiers, des coulures dans les voies, des écharpes de brume dans les parois.
De très belles longueurs verticales à réglettes profondes, mais difficilement protégeables.
J6 Antiparkès 6c II P2 500m.
Belle ligne soutenue et 6a+ max pour la moitié du bas à dominante de dièdres et surplombs. En 5 L de 50m on atteint la vire de l’Esparrecs.
Ensuite, il faut faire attention pour repérer le départ des longueurs suivantes, c’est pas clair.
Nous sommes descendus trop à droite sur la vire et nous sommes sortis à la frontale par Caçadors De Boletaires 6b P2+, très jolie et en réalité moins dure, 6B dalle oblig quand même, un spit ici et là, mais quand on est au sixième jour d’un exercice constant des sphincters à Montrebei, plus rien ne filtre au fond de la culotte.
Au bilan, une grimpe comme on aime enthousiasmante et mentale sans croiser personne, avec des moments complexes à gérer quand il va pleuvoir, qu’on est cramés la peur au ventre et pas encore sortis des difficultés, et plus une seule bière au bivouac.
DR
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