Cervin - 4478 m
29 Septembre 2018


Activité : Alpinisme

Lieu : Valais, Suisse

Participants: Philippe L., Florian T.

Description :


Le Cervin (4478 m), arête du Hörnli. AD – 30 septembre 2018

Anti présentation

On ne présente plus le Cervin, sommet emblématique de Zermatt, du Valais, et de la Suisse. Cependant, songez que du haut de cette pyramide, un siècle et demi d'histoire de l'alpinisme nous contemple. Difficile, dans les pentes sommitales, de ne pas s’imaginer la chute de la cordée de Whymper.

Ascension

Même en partant tard (vers 5h), l'inconvénient est qu'on grimpe toute la première partie, celle qui est assez paumatoire, de nuit. Donc forcément, on s'est paumatés une ou deux fois. Pas grave : ça passe presque partout, on retrouve rapidement la bonne trace. Juste faire gaffe à rien balancer sur le copain, parce qu'on se retrouve vite sur des piles d'éboulis. Les sections grimpantes, d'abord espacées par de larges passages dans la pierraille, sont de plus en plus nombreuses à mesure qu'on s'élève. Les pas sont toujours faciles, le rocher devient presque bon, la lumière arrive, le soleil nous chauffe la couenne, le paysage est magnifique, le compagnon de cordée file comme un avion. Le plaisir et le rythme cardiaque montent avec l'altitude. Après le bivouac Solvay, qui marque le passage des 4000m, le palpitant aurait tendance à tachycarder, ce qui nous oblige à ralentir. L'itinéraire passe alors de plus en plus souvent sur le fil de l'arête proprement dite, occasion d'admirer de près l'immense face nord, qui semble bien en condition : terrain de jeu incroyable, à réserver aux meilleurs joueurs ! A partir de l'Epaule, la neige fait son apparition, d'abord par de petites plaques gelées qu'on évite facilement, puis par des bandes discontinues où on aurait dû chausser les crampons. Finalement, le névé sommital, en neige « couic » parfaite, nous propulse au sommet qu'on atteint vers les 10h.

Bouchon

Les cordées arrivant des diverses voies du Cervin descendent toutes par le Hörnli, et croisent celles qui montent encore. D'où un gros bouchon sous le névé sommital : au moment de prendre le rappel, on trouve une grappe d'alpinistes, tous suspendus à la même broche. Une cordée germanique pressée nous propose de rapondre (1 ou 2 « P »?) nos cordes, pour un rappel de 50 m, dans l'espoir de dépasser cet amas nébuleux. Mais une alpiniste en perdition accapare Florian, qui ne peut alors libérer la corde. Resté avec les allemands impatients, mes oreilles bourdonnent de « chaïse !».

Cabane du Hörnli (3260m)

Beaucoup de monde pour les 20 places que compte le refuge d'hiver. Heureusement, une bonne dizaine d'alpinistes choisissent de bivouaquer sur la terrasse. Finalement, on dort à l'intérieur, sur des vrais matelas, pour zéro CHF, sans avoir besoin de sortir la tente de sa housse. Inespéré. Le pied ! D'ici, on peut contempler l'itinéraire intégralement, et on a du mal à imaginer que l'arête qu'on a devant nous fait 1200m de haut. On voit des alpinistes qui en descendent, ils sont sous la Tour Rouge, ils sont vraiment minuscules.

Equipement

Même si on est quand même loin de la via ferrata, c'est l'itinéraire de haute montagne le plus équipé que je connaisse. Des cordes énormes, genre amarre de péniches facilitent beaucoup les passages qui pourraient être délicats sinon. Dans le haut, des pieux, utiles aux guides pour mouliner les clients, nous permettent de progresser rapidement de concert, à la corde longue, en étant toujours assurés. On n'a pas pris de coinceur, et on a bien fait, 4 dégaines et 3 sangles doivent largement suffire.

Fréquentation

Cervin = montagne emblématique => fréquentation importante. Il faut gérer cette affluence. Pour nous, cela passe par le choix de la saison d'automne. Créneau parfait. Peu de cordées engagées sur l’itinéraire. On ne pouvait rêver mieux.

Paysage

Grandiose et étonnant, le paysage depuis le sommet nous montre des montagnes qui nous sont familières, sous des angles qui ne le sont pas. A l'est, on est dominés par le mont Rose, massif, imposant. Breithorn et Lyskamm montrent leur profil. La chaîne des Miches-à-Belle parade en dentelles. Au nord, le Weisshorn impose son Arbengrat, alors que l'Obergabelhorn paraît ridicule. La Dent Blanche étale ses quatre ânes et son arête sud. A l'ouest, toute proche, la Dent d'Hérens s'écrase devant le Grand Combin. Bon, on ne traîne pas : ça commence à cailler et des nuages se pointent d'un peu partout.

Retour

A pied jusqu'à Zermatt. Une douzaine de kilomètres, pour 2800m de descente, ce qui chauffe quand même bien les cuisses. Surtout quand on a des petites pattes et qu'on suit Florian, qui mène le pas avec ses grandes guiboles. La descente de la voie jusqu’au refuge est longue et nécessite une attention de chaque instant. Au final cela prend presque autant de temps que la montée. Alors qu’on enchaîne en direction de la vallée, le ciel se bâche complètement. Gare de Zermatt sous une petite pluie vers 18h, on prend le train, et on retrouve la voiture à Täsch chez Taxi Freddy, à 19h. Sur l'autoroute du retour, pluie continue et éclairs nous signalent que finalement, on a bien fait de redescendre.

Merci à Florian pour cette idée d'un hold-up bien placé. Point final (provisoire?) à la saison. C'est le moment de ranger les crampons et de ressortir les chaussons d'escalade.

PL

Quelle chance de pouvoir faire le Cervin dans d’aussi bonnes conditions et en évitant les foules. Merci à Ben pour les infos sur les conditions. La difficulté et surtout la longueur de cette grande course ne sont pas à négliger. Ne pas négliger non plus l’altitude qui se fait bien sentir dans les passages les plus athlétiques. Le Toblerone est connu de tous, et une fois sur place il ne déçoit pas, mais je suis certain qu’avec les régiments d’alpinistes qui s’y pressent en pleine saison cela aurait largement terni notre expérience et rendu le tout beaucoup plus fastidieux, stressant et dangereux.

Florian T.





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