Pointe Walker 4208 m. Arête des Hirondelles
16 Août 2016


Organisé par : Didier, Eric

Activité : Alpinisme

Lieu : Grandes Jorasses

Participants: Didier+Eric

Description :


C’est une belle grande course de haute montagne, longue et multiforme, assez fatigante, on va dire.
Du genre à se promettre, dans les affres de la déréliction, après 23 heures d’action, que c’est la dernière fois.



On quitte la capsule Gervasutti à 3h20.
L’ascension commence par la remontée du glacier de Frébouze, en cherchant le passage au mieux entre de monstrueuses crevasses, guidé ici ou là par d’anciennes traces. Trois heures plus tard, nous sommes au col des Hirondelles, en même temps que le soleil.



L’attaque de la voie rocheuse est vite engagée après le passage de la rimaye. On décide de garder les tongs sur les premières longueurs, corde tendue sur du mauvais rocher. Quand la paroi se redresse on tire à droite, en chaussons d’escalade pour le plaisir. Le soleil est présent, l’escalade est enthousiasmante.
Un bloc détaché qui tombe tout près de la corde nous rappelle immédiatement à la plus grande vigilance.

Les nuages nous rattrapent peu avant la brêche en V, qu’on atteint vers 10h. Jusque là, nous avons progressé à bonne allure. Parfaitement seuls dans l’immensité vertigineuse, ambiance début du monde.



Les choses vont se gâter.

D’abord, le fond de la brèche, parfaitement glauque, est une glacière où je vais me refroidir définitivement en attendant qu’Eric force le crux de la fissure Rey, 5c/A1. Il doit s’y reprendre à deux fois, laissant un câblé pour remplacer le piton d’A1 qui n’a plus de tête.

Ensuite, les nuages nous enveloppent. Le soleil est partout, sauf sur les Grandes Jorasses évidemment, fidèles à leur renommée. Je mets toute la vitesse que je peux pour rejoindre Eric aux relais, mais le temps nous échappe.

Puis on perd encore une bonne heure à sortir d’une souricière et retrouver l’arête.

Il est déjà 16 heures quand on atteint la fin des difficultés rocheuses. Retour aux tongs.



Le nuage crève. Le grésil s’abat. Les prises commencent à disparaître sous le gros sel et on est loin du sommet. Ce n’est plus la même ambiance.

Dans le mixte des dernières pentes, le grésil couvre tout, masque les zones de glace vive, les trous de mauvaise neige, les pierres en équilibre instable qu’on s’envoie alternativement sur la tronche. On n’ose plus regarder la montre. La seule consolation qui reste est de se dire que personne ne nous a forcés à venir là. Et qu’il va bien falloir assumer.

Nous atteignons la calotte sommitale dans une trouée de lumière. Sommet de la Walker à 18h45.



La descente par la voie normale est longue. On se dépêche de profiter du jour restant, mais le soleil du couchant darde son dernier rayon en haut des rappels Whymper, tandis que nous pétons un câble à démêler l’inextricable réseau de notre unique brin de 50 mètres. La fatigue se fait désormais bien sentir, la frontale d’Eric est moins lumineuse que la lune, nous ne progressons plus très vite. Les rappels du Reposoir sont négociés à petite vitesse. La descente du glacier de Planpincieux, pourtant facile, le long du Rognon de la Bouteille (ça ne s’invente pas) nous prend un temps considérable.

Nous arrivons enfin au Boccalate vers deux heures du matin, au moment précis où une cordée le quitte pour monter là d’où nous venons.




Attablés au refuge, nous sommes en train de boire une rapid’soupe. Les réveils sonnent. Vite, il est temps de repartir dans l’autre sens. Oh pis non, une autre fois.



Aux amateurs éventuels, et je sais qu’ils existent dans le club, de cette course magistrale, rude et magnifique, il faut rappeler qu’on n’a pas été très rapide, mais que ce morceau de montagne dépend plus qu’ailleurs des conditions météo rarement stables. Et que le 5 heures annoncé par C2C est idéal dans des conditions idéales pour une idéale cordée de bons.
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Arête des Hirondelles. III. 5c/A1. 1400 m.


DR






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