3 dodos pour 3 combins
04 Avril 2025


Organisé par : Florian T.

Activité : Alpinisme

Lieu : Valais

Description :


Rien n'est plus dangereux qu'une idée...

Je voulais partir en mode expé. Donc en autonomie y compris niveau couchage. Et à pieds ou en raquettes.
L'idée de monter haut mais en prenant mon temps, en évitant de trop traîner sur des glaciers, m'amène à penser aux Combins.
On annonce quand même un peu froid et de la bise au sommet.
Je m'équipe en conséquence, et pars donc lourdement chargé.

Vendredi en fin de journée je monte jusqu'à poser ma tente vers 2500 m d'altitude à l'aplomb de la cabane de Valsorey. Les raquettes ne sont nécessaires qu'à la fin. Le canyon (passage d'hiver) passe très bien. Nuit tranquille.

Samedi matin je plie le camp un peu avant le lever du soleil et pars en raquettes en direction du plateau du couloir alors que les premiers skieurs de Chamonix-Zermatt commencent à passer. Montée régulière et sans problème. Passage à proximité de la cabane de Valsorey. Un peu plus loin il faut passer en crampons pour la partie finale. Je retrouve le soleil au col. Je monte au Bivouac Musso. Il n'y a personne. Une belle journée devant moi que je passe à me reposer, bouquiner, m'acclimater et étudier la face sud-ouest qui m'attend le lendemain. Des cumulus viennent ajouter un peu d'animation au splendide coucher de soleil. J'installe ma tente sur la crête. Nuit calme.

Dimanche je traîne un peu pour ranger tout mon barda. Cela laisse le temps à 2 italiens de me devancer dans l'itinéraire. Tant mieux ça me fait de la compagnie. Pas beaucoup de neige dans la face il faut louvoyer un peu. Les 2 partent sur la droite pour sortir tout droit au sommet du Combin de Valsorey. La fin me paraît sèche et pas très avenante. D'ailleurs ils ont l'air de galérer un peu. Je reste sur mon plan de sortir plutôt à gauche pour rejoindre le dernier bastion de l'arête du Meitin.
La partie rocheuse passe bien à la montée, mais je garde toujours en tête le fait qu'il faudra que je redescende par là. C'est un peu plus grimpant et raide que ce à quoi je m'attendais. Mon gros sac n'aide pas évidemment.
Enfin je débouche au sommet du Combin de Valsorey. Les volutes de neige bien visibles sur la crête depuis le début ne m'avaient laissé aucun espoir d'échapper à une bise soutenue. Elle est effectivement forte et désagréable.
Je redescend de quelques mètres côté sud pour remettre des couches, puis j'enchaîne vers le Combin de Grafeneire.
Les plus fortes bourrasques me bousculent, mais il y a une ambiance dantesque !
Au sommet de Grafeneire je ne traîne pas. J'enchaîne sur l'arête vers l'aiguille du Croissant. Une petite crevasse / rimaye se passe d'un bon pas puis la descente vers le mur de la côte est en neige dure et nécessite de l'attention. Le mur lui-même se passe bien avec à nouveau un passage de rimaye ouverte mais sans problème.
Je traverse ensuite vers le Combin de la Tsessette où je retrouve les 2 skieurs italiens qui s'empressent de fuir ce vent qui nous harcèle.
Je reviens sur mes pas en direction du mur de la côte pour rejoindre le seul endroit de toute la crête où j'ai eu l'impression que le vent était moins fort. Il est 13h30. Je sors ma pelle et commence à installer mon camp. Je fais des beaux murs en neige pour essayer de m'abriter. Altitude 4070 m. Vue plutôt correcte. Impression d'être sur une autre planète. Bon ça caille évidemment. Je fais de l'eau, me repose, et me garde au chaud en attendant un coucher de soleil mémorable.

Lundi je range tout tant bien que mal alors que la bise a repris de la vigueur. Pas facile de ne pas ramener 2 kilos de neige en plus de tout le reste. J'ai mal dormi cela va sans dire. il a fait au moins -15°C et avec le vent...
Au mur de la côte le jour se lève dans une ambiance polaire. Tout paraît irréel.
Je traverse vers le Combin de Valsorey. Fatigue. Froid. Gros sac. Je me concentre et mobilise toute mon énergie pour descendre avec précaution du terrain rocheux et mixte pas difficile mais où un faux pas est interdit.
Retour en haut des couloirs, la descente en crampons se passe plutôt bien.
De retour au col je retrouve les ribambelles de skieurs de Chamonix-Zermatt. A partir de là c'est facile. Je peux me détendre.
Je passe dire bonjour à la cabane de Valsorey. Je fais bien car la gardienne avait entendu parler de moi par les italiens et est donc contente de savoir que je suis bien redescendu. C'est gentil de sa part de s'en être inquiétée en tout cas.
Je continue ma descente pour rejoindre progressivement les torrents, les premières fleurs et plein de marmottes.

Le plan de départ s'est déroulé au mieux. Certains diraient que c'était un plan à la Morphelin, et ils auraient tout à fait raison. Merci à lui pour l'inspiration. Mon projet était raisonnablement ambitieux mais je n'ai pas eu l'impression de dépasser mes limites. Totale liberté et autonomie, qui se paye en poids et en engagement, mais qui a ses avantages.
Je suis redescendu de tout ça fatigué mais avec l'impression d'avoir bien vécu.

"la peur qu'il ne m'arrive rien a toujours surpassé la peur qu'il m'arrive quelque chose"




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