Traversée du Weisshorn (4506 m) - J 1 et 2
29 Juillet 2019


Activité : Alpinisme

Lieu : Valais Suisse

Participants: Pierre T., Florian T.

Description :


Le plus dur c’est toujours de partir !

Avec Pierre nous avons prévu un créneau pour aller en montagne cet été. Anna est en pleine TCR. Pierre a posé ses congés.
Pourtant la météo est loin d’être optimale. Pendant des jours nous échafaudons toutes sortes de plans, les hiérarchisons, scrutons le moindre changement dans les modèles météo, épions la moindre course rentrée sur C2C. Les sacs sont faits, refaits, mal faits. Les plans 1, 2, 3 et 3b ne collent pas au maigre et incertain créneau météo qui se profile. Dimanche midi on se décide : ce sera le Weisshorn en traversée Sud-Nord.
Avec Pierre il se trouve que nous détestons autant les refuges l’un que l’autre. Nous partirons donc avec le matos de bivouac. A Zinal on fait les sacs sous un grand soleil. Matos technique, bouffe, habits pour parer à toutes circonstances, divers téléphones, chargeurs, appareils photo… finalement les sacs pèsent !

On se hisse gentiment jusqu’à la cabane du Grand Mountet que l’on dépasse pour aller se trouver un coin de bivouac vers les 3000 m d’altitude. 2 approches différentes : Pierre fourre ses pieds dans son sac à dos et n’a que sa grosse doudoune pour se tenir chaud. Il a quand même un matelas mousse pour s’isoler du sol. De mon côté j’ai un sac de bivouac de 200 g et j’ai quand même pris un mini sac de couchage. Je suis plus confort mais bon je suis plus vieux ! Il fait frais mais pas froid. On mange notre polenta en détaillant l’arête des 4 ânes juste en face.
La nuit se passe avec de multiples réveils et un ciel étoilé. A 2h50, les premières cordées parties du refuge passent à proximité. On se lève, se prépare, on fait un semblant de petit déjeuner et à 3h40 c’est parti en direction de l’épaule du Rothorn. Je compte pas moins de 4 étoiles filantes. J’espère que ce sera de bon augure.

Le glacier du Mountet est en bonnes conditions. On retrouve quelques cordées. Toutes partent pour le Zinalrothorn. On monte jusqu’à l’épaule puis on redescend pour prendre pied sur un petit bout de glacier immaculé. Le jour s’est levé. C’est un peu étrange de bifurquer comme ça. Il n’y a plus personne, plus une trace. La lumière est belle, la vue majestueuse. Le Mont Rose se révèle dans toute son ampleur. Nous rejoignons le collu 3893 m au pied de la crête sud de Moming. Au programme pour aujourd’hui 3 sommets principalement rocheux à faire en traversée. On est prévenus c’est le troisième le plus long et le plus compliqué.

Nous sommes tous les deux en forme. Rien à signaler sinon que les sacs se font sentir sur les épaules. La météo est bonne. A peine de vent mais rien de gênant. C’est parti pour des heures dans du terrain en AD. C’est toujours aérien, parfois péteux, souvent long, mais on progresse bien, sans traîner. Ça grimpe par moments. Pierre ouvre la voie. Bientôt la crête Sud de Moming (3963 m) est négociée. Petite pause au col et je repars en tête pour la Pointe Nord de Moming qui devrait être plus cool. Tout se passe bien. On est pas embêtés par le monde vu qu’il n’y a pas un chat. On est vraiment sur le fil entre Zinal et Randa. Une fois passée la Pointe Nord on remet les crampons pour un bout de névé en bonne neige qui nous amène près du sommet du Schalihorn (3974 m). Les heures passent, le jour s’avance. Le topo est très clair : « depuis le sommet du Schalihorn, ne pas sous-estimer le temps nécessaire pour rejoindre le sommet secondaire, puis pour effectuer la descente… ». En effet on voit bien du sommet que l’arête qui même au second sommet est très découpée et truffée de gros gendarmes rébarbatifs. Grimpe, rappels, recherche du meilleur passage, c’est long, c’est pas simple, et ça avance mais sans plus. Au second sommet on voit le petit Schali Biwak qui nous attend. Il y a du monde autour. On ne sera pas seuls ce soir. La descente nous prend encore beaucoup de temps. Manips de corde, assurage en mouvement, rappels, terrain délicat… on n’est pas mécontents de prendre pied sur la neige d’où il ne nous reste plus que 10 minutes à faire avant le refuge.

Il y a 4 personnes au refuge. 2 guides suisses et 2 clients. Il y a 8 places en tout, ça ira très bien. On récupère de l’eau, on cuisine un truc. Cela fait 14h30 qu’on est partis. On a fait quelques pauses mais globalement on n’a pas traîné. Le tout en altitude. Sacrée journée. La météo avait prévu une légère dégradation dans la nuit de mardi à mercredi. Effectivement les nuages montent, le vent forcit. Maintenant qu’on est là, dans ce bivouac difficile d’accès quel que soit le chemin choisi, il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour le que le temps soit clément demain. Je guette sur mon téléphone l’avancée d’Anna. Son point avance sur la carte. Inexorablement. Rien que de penser à toutes ces heures en selle j’en ai mal au cul.

Il fait carrément froid ce soir avec le vent. On va se coucher. Le réveil est mis pour un départ à 5h30. Tout le monde essaie de dormir. Dehors c’est le brouillard. Le vent se renforce encore. On l’entend ronfler. Ce n’est vraiment pas engageant. On verra bien demain. En attendant on essaie de dormir, même si on sait que niveau grimpe et altitude le plus long et dur reste à faire…

PS : J’ai mis dans ce lot là quelques photos qui sont déjà des photos de la Schaligrat, l’arête nord du Weisshorn, que nous avons fait au début du jour 3. J’en avais trop pour que ça rentre tout dans la deuxième partie.





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